Comment exercer une autorité sereine vis-à-vis de ses enfants ?

C’est une question que se posent nombre de jeunes parents, sans toujours très bien savoir vers qui se tourner pour obtenir une réponse qui soit à la fois pertinente et applicable au quotidien.

« C’est une réalité à laquelle nous sommes nous aussi régulièrement confrontés en tant que professionnels », conforte le Dr Jérôme Cauchies, pédopsychiatre. « Nous pouvons notamment nous en rendre compte en observant simplement l’enfant : l’absence d’autorité – une autorité exercée sereinement – peut expliquer des soucis de comportement, comme de l’agressivité ou une intolérance manifeste à la frustration. »

En manque de repères

Dans ce cas de figure, vouloir traiter directement l’enfant – parfois en recourant à des médications – constitue une fausse piste. La meilleure approche consiste plutôt à aider la famille – parents ET enfant(s) – à exercer et respecter des règles, une forme d’autorité appliquée en toute sérénité qui va s’avérer utile à l’enfant en l’aidant à se construire.

Mais pour cela, faut-il encore que les parents aient confiance en eux… Ce qui n’est pas gagné d’avance. « L’autorité, de manière générale, a beaucoup reculé, constate le Dr Cauchies, nous vivons dans une société où les parents peuvent se sentir perdus et sont clairement en manque de repères. » L’heure du coucher fait, par exemple, partie de cette perte de référents, les parents ne sachant plus très bien eux-mêmes quel est le bon moment pour envoyer l’enfant au lit. « On constate parfois que l’enfant, finalement, s’adapte à la vie de ses parents alors que ça devrait bien évidemment être l’inverse », rappelle le spécialiste. « Il n’est pas rare, non plus, de voir des enfants qui dorment avec leurs parents. Là, il faut se demander s’il n’y a pas un souci conjugal, un problème de couple qui peut aussi venir brouiller l’autorité parentale. »

Une approche systémique

Première étape, passer du temps avec la famille pour voir comment s’y exerce l’autorité (quand il y en a une). « Parfois, il peut aussi y avoir un décalage avec les grands-parents », poursuit Jérôme Cauchies. « Traditionnellement, les grands-parents ont tendance à être plus laxistes, ils gâtent davantage leurs petits-enfants. Cela ne doit toutefois pas entraver les règles de vie de base, qui doivent rester les mêmes et être cohérentes : parents et grands-parents sont le prolongement les uns des autres. » Faute d’autorité suffisante, l’enfant risque d’en jouer : c’est l’exemple typique de l’enfant qui rentre de chez ses grands-parents… et qui n’écoute plus ses parents.

Deuxième étape : appliquer les règles que l’on se fixe. « Les règles doivent être strictes. Et elles ne doivent pas être proférées en l’air mais bel et bien appliquées. Il faut pour cela que les limites soient réalistes et la punition, applicable. » Hurler à l’enfant que « puisqu’il n’écoute pas et n’en fait qu’à sa tête, on ne partira pas en vacances ! » est inutile et invraisemblable. L’enfant le comprend très vite, il continue ses manœuvres et le parent, lui, perd toute crédibilité.

Le plus tôt est le mieux

À partir de quand faut-il s’inquiéter, voire éventuellement consulter ? « Le plus tôt est le mieux, évidemment, pour éviter que l’enfant ne s’installe dans ses mauvaises habitudes. Six ans est un âge charnière : l’agressivité de l’enfant doit pouvoir être gérée au moment d’entrer à l’école primaire. » Des signes d’agressivité peuvent être dus à de la fatigue… comme à une absence d’autorité et/ou de bonnes règles éducatives. Auquel cas, si chacun accepte de se remettre en question, le souci peut être réglé assez rapidement. « En mettant en place des choses cohérentes et justes, et adaptées à l’âge de l’enfant », rassure le Dr Cauchies. « Les débuts sont toujours un peu difficiles, il faut tenir bon. Ça en vaut la peine, pour toute la famille. »